Le but de cette étude est de réfléchir sur l'acte traduisant sous l'angle anthropologique. Pourquoi les êtres humains traduisent-ils et comment peut-on expliquer ce désir de traduire? La pluralité des langues humaines pourrait expliquer, quoique partiellement, la raison d'être de la traduction; pour pouvoir participer à 'l'Action' au sens arendtien du terme, qui nous permettrait de réfléchir sur les questions liées au destin de l'humanité, la traduction est un acte nécessaire, voire une tâche qui nous est confiée. Si la pluralité des langues nous oblige ainsi à traduire la langue des autres, et si la traduction nous est, en conséquence, imposée, c'est le désir de traduire, ou la pulsion de traduire qui nous permet de se réjouir de la différence existant entre les langues. D'où se pose la question de savoir comment nous devons traiter une langue qui n'est pas la nôtre. Cette question amène Ricoeur à nous proposer 'l'hospilalité langagière' comme le principe essentiel régissant l'éthique de la traduction. La philosophie d'aujourd'hui ne devrait donc pas négliger cet aspect anthropologique que représente l'activité traduisante, et au lieu de se contenter d'observer et de décrire le phénomène traduisant, elle devrait se pencher encore plus sur l'horizon ultime que souhaite atteindre l'acte traduisant.