Cette thèse se propose de faire voir qu'il y a une relation singulière entre les monographies de Deleuze et sa propre philosophie qui nous a donné une nouvelle possibilité de penser dans le siècle de la crise de la philosophie. Faire la philosophie ainsi par la recherche de l'histoire de la philosophie, c'est une sorte de 'discours indirect libre', et l'on y voit un 'inter-être'. Entre les rencontres avec des philosophes divers, Deleuze a produit sa philosophie de la différence, et parmi eux, Spinoza et Nietzsche l'ont conduit à l'empirisme ou à la philosophie pluraliste. La pluralité que suppose l'empirisme supérieur, étant une multiplicité comme une différence en elle-même, n'est jamais reduite à l'identité de deux extrêmes, mais par contre se produit au milieu, comme nous la voyons dans les exemples de 'rhizome' et de 'guêpe-orchidée'. La philosophie de Deleuze ou sa pensée du milieu, délivrée de tous les problèmes du commencement et du fondement en philosophie, aussi se dirige-t-elle vers une fiction virtuelle. La dimension fictive de l'activité philosophique qui est explicitement revendiquée par Deleuze à travers les comparaisons avec la peinture, le roman policier, la science-fiction, le collage, implique surtout que la philosophie n'est ni une représentation, ni une réflexion, mais un acte de création comme celui des artistes. En créant ainsi des concepts philosophiques, on pourrait donc faire un effort de dépasser la condition humaine. Mais si le concept a toujours été un certain découpage de l'espace de la pensée, Deleuze essaie de penser autrement ce découpage. En somme, il s'agit de substituer au modèle sédentaire de la pensée un modèle nomade.