Cette étude a pour but de montrer que la théorie bergsonienne de la morale et de la religion dans Les Deux Sources s'est déployée sur le fond de la philosophie de la vie comme dans ses précédents livres. Tout au long de son itinéraire philosophique Bergson a continué à lutter contre le scientisme don't le cible visé s'est varié selon le thème traité. Ce travail a été poursuivi sans exception dans Les Deux Sources. Une des idées fondamentales qui permettent d'établir l'interprétation biologique de la morale et de la religion c'est l'impossibilité de l'hérédité des caractères acquis. Cette théorie (néo-)lamarckienne ou spencerienne de la morale accepte le passage de la morale de la cité à la morale d'humanité par voie d'élargissement. Mais Bergson réfute l'idée fausse de la transmissibilité des acquis dans les moeurs, dans les institutions, dans le langage même où se disposent les acquisitions morales car il ne croit pas la différence de nature entre l'homme fondamental d'aujourd'hui et celui d'autre fois. C'est ainsi que Bergson critique également l'idée intellectuelle et sociologique du fondement morale. La morale complète ne sera donc possible que par l'aspiration exercée par les grands hommes de bien. Tels sont les saints, les mystiques et les héros ayant le contact avec l'élan d'amour et ils incarnent les representants les plus remarquables de la morale ouverte. Dans la partie finale des Deux Sources Bergson nous communique un message de sagesse sur l'avenir de l'humanité. Il s'agit de la nécessité du saut de l'idéal morale pour éviter que l'histoire de l'humanité ne soit que l'aggravation intelligente de sa barbarie naturelle représentée par la guerre et le génicide. C'est le chemin vers la société ouverte qu'on doit s'acheminer en brisant la chaine imposée par la nécessité de la loi biologique.